La résilience décrite à travers mon propre parcours

La résilience : « Capacité d'une personne ou d'un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l'avenir en dépit d'événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères »

Je ne peux pas dire que j’ai grandi dans des conditions difficiles. Matériellement, nous avions tout ce qui nous fallait. Mes parents avaient investi dans une belle et très grande villa, avec un grand beau terrain. Une piscine, 2 voitures, nous partions en vacances 1 fois par an et avions droit, ma sœur, mon frère et moi chacun à une semaine de stage pendant les grandes vacances.

Vu de l’extérieur, tout allait pour le mieux dans cette belle famille avec trois enfants.

Mes parents avaient tous deux fait l’unif. L’éducation était importante pour eux : bien travailler à l’école, étudier la musique (classique), faire des études universitaires, avoir des débats animés autour d’un repas concernant toute sorte de sujets. Apprendre à être critique, et surtout s’écouter parler. À qui parlait le plus fort même si le sujet n’était pas maitrisé. Le côté intellectuel était très fort valorisé.

Donc, pas un environnement des plus traumatisants.

Ce sont plutôt les relations interpersonnelles qui soulevaient une question dans ma famille. Le couple que formaient mes parents n’était pas épanoui. La gestion de ce couple prenant énormément d’énergie, il n’en restant pas trop pour les enfants.

Mon vécu d’enfant est que nous avons tous les trois grandi isolés, esseulés. Sans amour inconditionnel, sans connivence entre nous.

Un jour, on m’a dit que je comprendrais mieux mes parents lorsque moi-même j’aurais des enfants. C’est plutôt l’inverse qui s'est passé. Le jour où j’ai eu mes enfants, j’ai encore moins compris l’attitude de mes parents.

Après de nombreuses psychothérapies et plusieurs formations en développement personnel, je peux dire que j’ai grandi dans un environnement toxique. Dans lequel très tôt, j'ai senti que je ne comprenais pas le fonctionnement.

Dès l’âge de 5 ans, le monde dans lequel je vivais me semblait hostile (à l’école, à la maison) et je rêvais que j’avais ma vraie famille ailleurs et que quelqu’un viendrait me chercher.

C’est assez complexe d’analyser le fonctionnement de sa famille d’origine, car jusqu’à l’adolescence, souvent, on prend pour « normal » ce qui se passe dans la famille. On imagine que toutes les familles ont le même fonctionnement. Ce n’est que lorsqu’on est confronté à l’extérieur que l’on se rend compte que quelque chose cloche.

Ne trouvant pas mon équilibre et un foyer accueillant à la maison, j’ai attendu avec impatience de pouvoir aller faire mes études supérieures en kot loin de chez moi.

Même si cela n’a pas été facile, j’ai alors pu commencer à me reconstruire, à me découvrir.

Malgré cette ambiance difficile à la maison, j’ai su garder le contact avec mon intuition. J’ai toujours eu cette force en moi, cette conviction profonde que j’allais m’en sortir.

Ma vie a été jalonnée de prises de décisions basées non seulement sur une approche analytique, mais également sur l’intuition.

Très souvent, on sait. L’enfant sent que quelque-chose ne tourne pas rond, mais, manquant de références, n’arrive pas à déterminer quoi.

Dans mon cas, j’ai très vite senti que mon ressenti était important même si cela n’était pas valorisé par mes parents.

Tout ce qui avait attrait aux émotions était considéré comme du « sentimentalisme », une attitude féminine rejetée et décriée.

Lors de ces discussions-là, j’étais extrêmement en colère. Je pleurais, mais de rage ! Pas du sentimentalisme là-dedans.

Il est d’ailleurs difficile de travailler avec des enfants, car fréquemment le système familial l’empêche d’évoluer. Ce système, comme tout système n’aime pas le changement et si l’enfant évolue, alors tout le système doit évoluer.

 

Cette résilience, cette petite voix à l’intérieur de moi qui m’aidais, a été déterminante dans mon parcours.